NM F.-A. Gauthier (navire)
Un article de la Mémoire du Québec (2022).
- Histoire dont on pourrait rire si elle ne racontait pas les coûts de ridicules et incompétetes décisions gouvernementales. En 2021, existent-ils des fonctionnaires qui pourraient justifier cet évident fiasco où ont-ils mis prématurément à la retraite?.
Construit en 2013-2014 au chantier naval Fincantieri, Castellammare di Stabia, Italie. il est lancé en 2014
Ficantieri a été le seul chantier naval retenu par la Société des transports du Québec-STQ. Il est acquis pour remplacer le Camille-Marcoux qui est rendu à sa fin de vie après
Le navire doit assurer le service de traversier dans l'estuaire du Saint-Laurent entre Matane sur la rive sud et les ports de Baie-Comeau et Godbout sur la côte nord du golfe Saint-Laurent.
Le nom du navire évoque le souvenir de Félix-Antoine Gauthier, maire de Matane (1960-1963).
Construit par l'entreprise finlandaise Steerprop.
Dès son lancement aux fins d'essais, le constructeur constate de graves irrégularités dans son fonctionnement. Parmi les systèmes défectueux, on compte des compresseurs avariés, des ventilateurs non fonctionnels, des câbles électriques sectionnés ou brûlés, des gilets de sauvetage non conformes, de même qu'un gyrocompas et une boîte noire hors service. Des portes, des rampes, des toilettes sont également bouchées par des débris, et au moins une fuite de diesel est signalée. Les génératrices font défaut peu de temps après la mise en service, entraînant des ruptures de service en 2016. Les chaises de la cafétéria seront remplacées moins de deux ans après l'inauguration du bateau, en raison de leur usure prématurée.
En 2017, le système de propulsion fait de nouveau défaut, causant des pannes en mer. La même année, une vague heurte la proue du navire, endommageant les vérins hydrauliques de la porte avant. Le problème ne sera réglé que l'année suivante.
Au début de 2018, un passage du traversier en cale sèche révèle une dysfonction du système de refroidissement des moteurs auxiliaires et on découvre le bris d'une soupape d'alimentation en gaz naturel.
Le 10 décembre 2018, on découvre de multiples bris aux propulseurs azimutaux ; ce qui entraîne la mise hors service immédiate du F.-A.-Gauthier, en pleine période des Fêtes. Le NM Félix-Antoine-Savard, navire de relève de la Société, est jugé inapte à remplacer le F.-A.-Gauthier. Un service de navettes aériennes entre Mont-Joli, Pointe-Lebel et Sept-Îles est mis en place pendant que le F.-A.-Gauthier est en cale sèche. Les coûts d'opération de la liaison aérienne temporaire s'élèvent à 10 000 $ par jour.
«L'azimut est l'angle dans le plan horizontal entre la direction d'un objet et une direction de référence. Le terme est issu de l'espagnol « acimut », lui-même issu de l'arabe , qui signifie direction. Cette référence peut être le nord géographique ou magnétique.»
Un propulseur azimutal, aussi connu sous le nom de Z-drive (« transmission en Z », en anglais), est un type de transmission permettant à l'hélice (le propulseur) placée sous la coque du navire, de pivoter sur 360· pour permettre des changements rapides de direction. Contrairement aux pods, où le moteur est dans une nacelle à l'extérieur de la coque, ici le moteur est à l'intérieur de la coque. Il est relié à l'hélice par une transmission à deux renvois d'angle, le tout ayant une forme de « Z », d'où le nom. La poussée étant vectorielle, les propulseurs azimutaux permettent de se passer du SAFRAN. Par rapport aux pods, l'ensemble de la transmission est mécanique et non électrique, ce qui est plus adapté à des navires de petite taille comme les remorqueurs.
On trouve des propulseurs azimutaux dans des installations fixes, ou parfois rétractables dans la coque pour diminuer la trainée en route libre.
Ils sont utilisés principalement par les navires ayant besoin d'une grande manoeuvrabilité (remorqueurs, bateaux de service portuaire...), les navires devant maintenir précisément leur position (dragues, navires de ravitaillement offshore), et les navires pouvant accoster de leurs propres moyens (certains cargos et navires à passagers).
Un exemple connu est le petit ferry Ichnusa assurant la ligne Bonifacio (Corse du sud) - Sainte-Thérèse de Gallura (Sardaigne), deux ports situés dans des calanques étroites et longues où le navire doit effectuer un demi-tour dans sa propre longueur. Il est équipé de trois propulseurs azimutaux débattant sur 360·.
SAFRAN (Système d'analyse fournissant des renseignements atmosphériques à la neige), une base de données météorologique française qui, selon Quintana - Segu et al. en 2008, couvrait la période 1970-2005 avec une résolution spatiale de 8 km (grille en Lambert - II étendue) avec 7 paramètres : 1) précipitations solide et liquide ; température à 2 m ; module du vent à 10 m ; rayonnement infra-rouge et visible incident en surface ; humidité spécifique à 2 m.
Le safran est une partie du gouvernail d'un navire1, constitué d'un plan vertical pouvant pivoter afin de dévier le flux d'eau sous la coque pour changer la direction du navire. Son effet est accru pour un navire à hélice car le flux d'eau est accéléré dans le voisinage du safran.
Un navire de relève, le NM Apollo, est acquis au prix de 2,1 millions $ de Labrador Marine pour relever le F.-A.-Gauthier, mais les avaries et les accidents se multiplient au cours des 17 jours pendant lesquels cet autre navire est en service ; après avoir inspecté le NM Apollo, Transports Canada en interdit la navigation et le Ministère des Transports du Québec envoie le NM Apollo à la casse.
Le 17 avril 2019, la Société des traversiers acquiert de nouveau un navire pour relever le F.-A.-Gauthier, le Saaremaa, qui devait entrer en service au mois de juillet 2019 ou à l'hiver 2019-2020.
Il est d'abord prévu que le F.-A.-Gauthier reprenne du service à la fin d'août 2019, puis la date est repoussée théoriquement à la fin de l'automne 2019, et probablement au début de l'hiver 2019-2020. Selon une évaluation du ministre des Transports François Bonnardel, l'aventure du F.-A.-Gauthier a coûté environ 220 millions $ en incluant les coûts associés à sa construction et à l'adaptation des quais de Matane, de Baie-Comeau et de Godbout ; cette somme ne comprend pas tout ce que la Société des traversiers du Québec a dépensé en réparations depuis l'acquisition du navire. Et le navire ne fonctionne toujours pas en 2019 !!!
Le 18 septembre 2019, le Saaremaa percute la rampe d'embarquement au quai à Godbout ; le traversier n'y a pas subi de bris mais la rampe d'embarquement a été endommagée.
En septembre 2020, la vérificatrice générale de la province qui a examiné la saga du traversier arrive, entre autres, aux conclusions suivantes :
1 : Il n'y a eu qu'un seul soumissionnaire pour l'achat du plus gros navire acquis par le gouvernement du Québec.
2 : Le principal représentant (chargé de projet) de la STQ chez le fabricant n'avait pas l'expertise et la compétence requise (pas de formation universitaire en ingénierie, pas de MBA) et n'avait pas assez d'expérience pour des projets d'envergure. Ce manque de compétence aurait pu être pallié par l'assistance du consortium d'architectes navals, mais la STQ a résilié le contrat avant le début de la construction du navire et, prenant la parole du chargé de projet, qui l'accusait d'insubordination,
3 :La STQ a dégommé un employé qui avait dénoncé des manquements au chantier de Ficantieri.
4: La STQ n'a exigé aucune compensation réelle pour les 54 défauts détectés à la livraison du navire même si le contrat lui permettait d'exiger ces corrections.
3 : Le constructeur aurait offert 150 000 t en pièces de rechange, ce que la STQ aurait refusé parce qu'elle manquait d'espace d'entreposage.
À l'automne 2020, le navire est mis hors service et il reprendra la liaison au cours de l'hiver 2021.
Le 13 novembre 2021, Le Journal de Montréal (page 29) rapporte que depuis plus d'un an, le système de propulsion du navire laisse s'écouler de petites quantité d'huile en mer et que les contribuables québécois ont jusqu'à ce jour investi près de 60 millions $ pour compenser les déboires du navire qui devrait assurer la navette entre la Côte-Nord et le Bas-Saint-Laurent ; on constate que les joints d'étanchéité des propulseurs sont défectueux ; ils ont pourtant été réparés à deux reprises, mais ils doivent être changés. L'achat de pièces chez Steerprop devrait coûter 390 506 $ et les coûts de location de la cale sèche de Verreault Construction aux Méchins devraient s'élever à 2,2 millions $.
Nota : En français, les initiales NM qui précédent le nom du navire signifient «Navire à moteur».
En anglais, on écrit MV pour Motor Vessel. | |
F.-A. Gauthier est le nom de Félix-Adrien Gautier, maire de Matane et fomdateur de la compagnie de navigation Traverse Matane-Godbout ayant opéré | la première liaison entre Matane et la Côte-Nord du Saint-Laurent (1960-1963). |