Montréal (municipalité de ville). ; Service de police de Montréal-SPVM (corps de police). Scandales. Affaire Raymond Ellis (Service de police de Montréal-SPVM )

Un article de la Mémoire du Québec (2022).

  • Le 23 octobre 2005, vers 17 h, Raymond Ellis, 25 ans, de Lachine, fils d'un immigrant jamaïcain, copropriétaire d'une boutique de vêtements de la rue Sainte-Catherine, est battu à coups de pied et de poing et son corps est transpercé de 11 coups de couteau (lame de 9 cm) dans le dos, dont 2 sont fatals, dans le bar after hours Aria sur la rue Saint-Denis à Montréal ; les agresseurs ont cru à tort qu'Ellis avait tué leur copain Passeus Rydewood à sa sortie de la salle de billard Sharky's le 24 septembre 2005 ; un témoin voit Théobrun jeter dans une boîte à déchets un couteau ensanglantés enveloppé dans un T-shirts ; les agresseurs ont déguerpi avant l'arrivée de la police ; en plus du couteau trouvé dans la boîte à déchets, la police a trouvé 9 couteaux abandonnés sur place.

En décembre 2005, Wilkerno Dragon, originaire d'Haïti, fait des déclarations à la police qui relient McLee Charles , 21 ans, Ernso Théobrun 26 ans, et John Tshiamala, 21 ans, à l'agression sur Ellis et identifie celui qui l'a poignardé ; ces déclarations sont enregistrées sur vidéocassettes.
Le 20 juin 2006, Grégory Dardignac, Evens Belleville, immigrant d'origine haïtienne, McLee Charles, Cleveland Alexander Scott, Ernso Théobrun, John Tshiamalas, réfugié politique d'origine congolaise , sont arrêtés puis accusés de meurtre non prémédité relativement au décès de Raymond Ellis.
Dardignac est d'âge mineur et est détenu en garde fermée au centre jeunesse de Cité-des-Prairies pour 3 vols qualifiés et une agression sexuelle de groupe,
Belleville, Dardignac, Charles, Theobrun et Tshiamala, sont soupçonnés d'être des membres du gang des Crips (Bleus) du quartier Saint-Michel de Montréal.
Le 6 juillet 2006, le juge Jean-Guy Boilard réduit l'accusation à celle d'homicide involontaire dans le cas de Tshiamala, Belleville, Scott et Charles parce que, selon lui, la preuve n'était pas suffisante pour établir le meurtre non prémédité mais qu'elle l'était dans le cas de Theobrun et de Dardignac.
En décembre 2007, la Cour d'appel du Québec renverse la décision du juge Boilard et décide que la preuve présentée était suffisante pour inculper les 4 gangsters (Tshiamala, Belleville, Scott et Charles) de meurtre non prémédité.
Le 20 mars 2008, après 4 jours de délibération, un jury du Tribunal de la jeunesse déclare le gangster Dardignac, 20 ans, coupable de meurtre non prémédité ; le 27 juin 2008, la juge Sophie Bourque de la Cour supérieure condamne Dardignac à la prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant d'avoir purgé 7 ans de sa peine derrière les barreaux.
Le procès des 5 autres accusés s'instruit à Montréal à compter du 11 septembre 2008.
Le 22 octobre 2008, la famille de Raymond Ellis intente une action en dommages de 400 000 $ contre les propriétaires du bar Aria, Gilles Laberge et Mario Julien, pour avoir failli à leur devoir de surveillance et de sécurité permettant ainsi le drame au cours duquel leur fils est décédé.
En novembre 2008, lorsqu'il est interrogé comme témoin de la Couronne, Wilkerno Dragon, qui est détenu dans un centre de détention pour vol à main armée, prétend que sa mémoire a flanché et refuse de répéter ce qu'il avait dit à la police en décembre 2005.
Le 10 novembre 2008, Dragon est déclaré témoin hostile et le jury est appelé à visionner la vidéocassettes de sa déclaration faite en décembre 2005 ; à la suite d'informations à l'effet que Dragon aurait été menacé, puis aurait reçu 15 000 $ de la part de McClee Charles pour se taire, la police de Montréal plante un informateur au centre de détention pour tenter d'obtenir des renseignements sur ce payement.
Le 12 novembre 2008, le substitut du procureur général, Louis Bouthillier, invoquant le besoin de temps pour préparer le contre-interrogatoire de Dragon, demande et obtient un ajournement du procès.
Lors d'une séance tenue plus tard en novembre, Bouthillier admet que sa demande de délai était, en fait, une ruse pour donner à la police le temps suffisant pour piéger un témoin récalcitrant détenu en prison et non pour lui permettre de préparer son contre-interrogatoire.
Le 10 janvier 2009, dans une décision écrite de 24 pages, la juge Sophie Bourque ordonne un arrêt des procédures et la mise en liberté immédiate des accusés Théobrun, Tshiamala, Scott, Belleville et Charles parce que le procureur de la Couronne, Louis Bouthillier avait menti à la Cour lorsque, le 12 novembre 2008, il avait demandé et obtenu un délai, que ce faux prétexte, ainsi que le dépôt d'une preuve inadmissible et d'une preuve qu'il savait douteuse, constituaient des violations des droits des accusés en vertu de la Charte des droits et libertés et que, selon elle, le seul remède était la suspension permanente du procès. À l'issue du procès, Me Kimon Kling, l'avocat de Belleville, laisse entendre que la police possède une preuve impliquant directement une autre personne dont l'ADN a été trouvée sur le couteau et dont le pantalon était couvert du sang de la victime et avait un doigt coupé ; interrogé plus tard, Kling a refusé de répondre aux journal La Presse pour «des raisons personnelles excessivement sérieuses».
Le 1er août 2009, McLee Charles, 24 ans, l'un des 5 accusés du meurtre d'Ellis est arrêté devant le bar Giliano du boulevard Saint-Laurent, puis accusé de possession d'arme à autorisation restreinte, possession d'arme dans un dessein dangereux, possession d'arme criminellement obtenue, possession de stupéfiants dans le but d'en faire le trafic et bris d'ordonnance ; il est condamné à 7 ans de prison.
Le 11 novembre 2009, Wilkerno Dragon est condamné 7 ans de prison pour vente d'armes prohibées, et pour une série de crimes commis sur la Rive-Sud dont un vol à main armée dans un magasin de cellulaires en 2008.
Le 19 mars 2010, John Tshiamala est appréhendé pour répondre à 8 chefs d'accusation de voies de fait armée et de séquestration.
Le 11 mars 2011, la Cour d'appel du Québec ordonne la tenue d'un nouveau procès pour les 5 accusés ; le jugement de la Cour rédigé par le juge François Doyon, estime que la suspension définitive du processus qu'avait décrétée la juge Sophie Bourque, après quatre mois de procès, est une réparation draconienne réservée aux cas les plus graves. «En réalité, l'ordonnance prononcée par la juge de première instance a toutes les apparences d'une punition infligée à la poursuite, ce que les règles de droit ne permettent pas».
Le 11 mars 2011, la police qui a obtenu de nouveaux mandats d'arrestation, appréhende Evens Belleville, 26 ans, Cleveland Alexander Scott, 23 ans, et Ernso Théobrun, 31 ans ; McClee Charles, 26 ans, se livre à la police. John Tshiamala, 25 ans, n'est pas trouvé ce jour-là.
Le 15 juillet 2011, Tshiamala est appréhendé à Sainte-Thérèse.
Le 15 août 2013, Cleveland Alexander Scott est acquitté.
Le 7 octobre 2013, Mclee Charles et Ernso Théobrun plaident coupable à l'accusation de l'homicide involontaire de Raymond Ellis ; Ernso Théobrun est condamné au temps servi en détention préventive, ce qui équivaut à 10 ans de prison et McLee Charles est condamné à 9 ans de prison.
Le 21 décembre 2013, Dragon est accusé d'avoir fourni des témoignages contradictoires et est condamné à l'équivalent de 20 mois de prison ; à sa sortie de prison sous conditions au 2/3 de sa peine, Dragon devra être remis à L'Agence canadienne des frontières pour être détenu jusqu'à ce qu'il soit déporté vers Haïti, son pays natal.
Vers le 7 février 2014, un jury reconnaît John Tshiamala, 28 ans, et Evens Belleville, 29 ans, coupables de l'homicide involontaire de Raymond Ellis.
Le 11 mars 2014, le juge Michael Stauber condamne John Tshiamala à 15 ans de prison et Evens Belleville à 14 ans de prison.
Le 28 décembre 2017, La commission des libérations conditionnelles du Canada refuse de remettre Gregory Ryan Dardignac en liberté.
Le 29 octobre 2020, tôt le matin, Sheffield Matthews est tué par des policiers du SPVM sur une rue du quartier Notre-Dame-de-Grâce-NDG de Montréal ; Matthews était en crise liée à la santé mentale lorsque la police a été mandée sur les lieux. Plusieurs personnes se sont rassemblées pour dénoncer la police de Montréal et réclamer un détournement du budget de la police pour en remettre aux budgets des services sociaux afin d'embaucher plus de professionnels formés pour confronter les cas de santé mentale ou les cas de dépendance aux drogues.

Outils personels