Sauvé (Paul)
Un article de la Mémoire du Québec (2022).
- Sauvé (Paul). (H)
Homme d'affaires (entrepreneur en maçonnerie). Président de la compagnie L.-M. Sauvé limitée.
Devant une commission parlementaire, il avoue avoir remis 140 000 $ à Gilles Varin pour obtenir un contrat du fédéral alors que le Parti conservateur était au pouvoir à Ottawa.
En 2003, le ministre des Affaires municipales du Québec, André Boisclair annonce à Paul Sauvé que le gouvernement accordera une subvention de 2,6 M $ pour les travaux de dégagement des commerces en façade et la rénovation de l'église Saint-James United sur la rue Sainte-Catherine Ouest à Montréal..
En février 2004, le Gouvernement du Québec, la Ville de Montréal et l'entreprise de construction L.M. Sauvé Limitée annoncent qu'ils se sont entendus pour financer la rénovation de l'église St. James United, détruire les bâtiments commerciaux érigés en façade, réaménager le devant de l'église et moderniser les bâtiments situés aux angles que font respectivement les rues City Councillors et Saint-Alexandre avec la rue Sainte-Catherine Ouest.
En 2006, Sauvé aurait employé Normand Casper Ouimet, un membre du gang des Hells Angel de Trois-Rivières, comme surintendant en charge des relations de travail ; selon Sauvé, l'arrivée de ce nouvel employé et d'une vingtaine de gros bras qu'il identifie comme des Hells-Angels aurait fait passer la productivité de l'entreprise de 50 % à 250% ; cependant Ouimet payait les employés en argent comptant, et, en retour L.M. Sauvé acquittait des factures de fournisseur à une société à numéro appartenant à Ouimet. Me Claude-Armand Sheppard, procureur des conseillers municipaux nommés par Sauvé, Cosmo Maciocia, maire de l'arrondissement Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles et membre du Comité exécutif de Montréal, et Sammy Forcillo, conseiller municipal de Sainte-Marie-Saint-Jacques et vice-président du Comité exécutif de Montréal, affirme que ses clients «n'ont été mêlés ni de près ni de loin aux incidents allégués, n'ont aucune connaissance des individus qui ont prétendu agir en leur nom, et n'ont trempé en aucune façon dans les agissements mentionnés».
Toit et mansardes de l'Hôtel de ville de Montréal
Le 15 juin 2009, Sauvé révèle à La Presse que son entreprise aurait été victime d'une tentative d'extorsion de la part d'un membre important du crime organisé et portant sur le contrat de 10,6 M $ pour la réfection du toit et des mansardes de l'Hôtel de ville de Montréal ; on lui a demandé la somme de 40 000 $ qui aurait été destinée à 2 élus (Cosmo Maciocia et Sammy Forcillo) du parti Union Montréal du maire Gérald Tremblay ; en échange de l'argent, la compagnie continuerait à travailler à la réfection du toit de l'Hôtel de ville et à recevoir ses paiements à tous les mois malgré qu'elle soit sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers ; le maire demande au Service de police de la ville de Montréal d'enquêter sur les faits rapportés par Sauvé au cours d'une réunion de chantier tenue à l'Hôtel de ville de Montréal en mars 2009 ; lors de cette réunion, l'administration municipale menaçait d'expulser L.M. Sauvé du chantier en raison de ses difficultés financières et de faire terminer les travaux par une autre entreprise ; le Service de police de Montréal transfère ce dossier à la Sûreté du Québec.
En novembre 2009, François Boivin, 52 ans, chargé de la comptabilité pour une entreprise de maçonnerie visées par l'enquête est arrêté avec plusieurs autres personnes dans le cadre de l'Opération Diligence qui visait le démantèlement d'un réseau qui avait infiltré le milieu de la maçonnerie pour blanchir de l'argent sous la direction de Normand Casper Ouimet. François Boivin reconnaît sa culpabilité aux accusations de gangstérisme, de complot et de recyclage des produits de la criminalité ; il plaide également coupable à des accusations de fraude fiscale en n'ayant pas remis les sommes perçues en TPS et TVQ entre 2004 et 2011 ; le 24 février 2012, François Boivin est condamné à 2 ans de prison pour avoir trempé dans le stratagème de fausses factures dans le milieu de la maçonnerie et à une amende de 275 104 $ par Revenu Canada et de 1.1 M $ par Revenu Québec pour avoir omis de remettre des sommes au fisc lorsqu'il administrait le club Circus After Hours dans le village gai de Montréal entre 2004 et 2011 ; il plaide aussi coupable à l'accusation de possession simple de stupéfiants et est condamné à une autre peine de 6 mois de prison en plus des autres peines. S'il ne paye pas les amendes, les fiscs peuvent saisir ses biens et se payer à même le produit de leur vente ; s'il n'a pas de biens, il est passible de peine de prison s'il ne paye pas Revenu Canada. S'il ne paye pas Revenu Québec, il devra faire un maximum de 1 500 heures de travaux communautaires pour compenser l'amende.
Le 24 septembre 2013, publication d'une partie des déclarations faites par Paul Sauvé au cours de son témoignage devant la Commission Charbonneau jusque-là interdit de publication ; Sauvé y déclare avoir été avisé en mars 2003 par André Boisclair, alors ministre des Affaires municipales du Québec, que l'Église St. James United bénéficierait d'une subvention de 2,5 millions $ ; c'était quatre jours avant que le gouvernement du Parti québécois ne déclenche les élections générales au Québec à la suite desquelles le Parti québécois est passé dans l'opposition ; cette subvention visait les travaux de démolition des commerces en face de l'entrée de l'église St. James United et la rénovation de l'église St. James de la rue Sainte-Catherine Ouest à Montréal que Sauvé était à rénover ; Sauvé avait déjà engouffré une importante somme dans les travaux alors que la fabrique de la paroisse n'avait pas la somme requise pour le payer ; le gouvernement libéral a honoré cette promesse du ministre Boisclair.
Le 20 avril 2014, lors du procès de Casper Ouimet, Paul Sauvé accuse la Couronne de ne pas utiliser toutes les informations relatives à l'Opération Diligence. Il accuse la Couronne de vouloir gagner tous les procès qui découlent de cette opération «peut-être au détriment de la vérité».